Le récit des origines : Il était une fois le Bonfinement
"IL ÉTAIT UNE FOIS LE BONFINEMENT"
Tours – Avril 2020
Retrouvez ce conte lu à haute voix via ce lien !
Il était un
premier jour, le sanitas.
A
la pépinière d'entreprise, des gens deviennent Le Groupe, ils
viennent de tout le département, villes et campagnes 1femme et 13
hommes, avec l'envie de faire de leur passion un métier. Le
numérique est pour l'heure l'horizon commun. Rassemblés pour une
même formation, chacun commence à se projeter dans le projet qui
leur est proposé : disséminer à Tours des capteurs citoyens de
mesure de la qualité de l'air. Le soir on sait ce que chacun sait
faire, on imagine déjà la suite, et sur les visages, on commence à
mettre des noms.
Il
était un deuxième jour, le confinement.
Le
confinement tombe sur Le Groupe. Entre formateurs on accuse le coup,
on prend conscience de ce qui va s'annuler, et déjà des envies de
révolution. Ce qui se passait pour le groupe à ce moment là ? Ca
n'avait pas vraiment d'importance, car un groupe chacun chez soi, ce
n'était plus vraiment Le Groupe. De toute façon la formation va
être annulée, on s'en fout. Chacun va gérer son chemin comme il
pourra. C'est le,moment du repli.
Il
était un troisième jour, résilience.
Bon,
finalement, la région continue de payer, si tout le monde est ok,
pas besoin d'annuler. Qui a un micro ? Un ordi ? Venez on test Zoom !
Et Discord, ce serait pas mieux ? Bon, ok c'est plus
pratique.
Maintenant à nouveau capable de communiquer, Le
Groupe s'imagine un nouveau but, la création d'un site se dessine.
Avec quelques centaines de giga octets cumulés, avec ou sans web
cam, des connexions qui vous font parfois péter les plombs, ça
s'organise.
Le Groupe voudrait pouvoir rédiger des actus pour
raconter ce qui s'invente pendant ce confinement, mettre en ligne une
carte interactive, interplanétaire, supra-galactique...
-euh
pas quand même hein... Marcel tu te calmes et tu mets ton âme
d'enfant en sourdine, on bosse ici, c'est du sérieux.
On
s'est bien dit que cette formation ne serait pas au rabais malgré
les conditions quelque peu délicates...
Pour ne rien rater
de ce qui se fait de beau en ce moment, avoir un site qui
emmène la France derrière lui.
-Je
t'ai dit calmos Marcel... si on emmène des gens se sera déjà pas
mal...
Pour commencer par quelque chose, Le Groupe lui cherche un
nom. onestcheznous.com ? Trop litigieux. enslip.fr ? pas assez
sérieux. cestlaguerre.fr ? Trop politique. Le bonfinement ?
Hmm
le bonfinement... oui ce sera le bonfinement !
Il
était un cinquième jour, la créativité .
Les
gens du groupe des confinés deviennent Les Bonfinés. Chacun chez
soi ça s'organise, des champs d'oiseaux se mêlent aux félicitations
qui accompagnent les premières propositions graphiques. Une, deux,
trois... pages se construisent, le site est désormais en ligne mais
on ne crie pas victoire trop vite... Si quelqu'un tombe dessus
maintenant c'est pas terrible. Ca marche pas bien, ça beugue... on
commence à rentrer dans le dur.
C'est Philippe la première
personne qui s'invite dans nos salons : "Avec moi, ce sera le
visuel : Control molette et Maj + clic, couleur violette et 2 pixel,
si tu l'exportes y'a pas de mystère, votre site commencera à
m'plaire"
Cette fois c'est la bonne, les nouveaux
visuels sont intégrés, les formulaires sont testés, de premiers
contenus ajoutés pour donner envie, nos réseaux sociaux sont dans
les starting block... y'a plus qu'à faire le buzz !
Il
était un sixième jour, la contribution .
Pour
bien commencer la journée, les bonfinés jettent un oeil au tableau
de bord, et là c'est la surprise : une première contribution
? ! mais c'est même pas en ligne depuis 24h, la classe ! Et France
inter qui nous contacte, mais il se passe quoi là ? ! Comment on va
faire faut pour que le site bug plus c'est pas possible si on passe
AU NATIONAL. On n'est pas venu là pour se taper la honte, mais pour
trouver un métier ! Marcel tu te calmes ! Tu gardes ton sang froid,
tu respires, t'as pas bien dormi cette nuit ? Non j'y arrives pas, je
tourne en rond dans mon 12 m2 comme un poisson dans un bocal, ma
connexion marche en pointillés, ça me stresse, j'ai besoin
d'air... Regardes-moi Marcel, tu te détends, tout va bien se
passer. Allez on s'y remet, les autres attendent.
Le Groupe
s'active, les menus bougent par magie, les catégories évoluent
toutes seules, mais que font-ils, ils se préparent à accueillir le
monde entier ou quoi ? ! De cette fameuse journée on dira plus tard
qu'alors que personne chez les bonfinés ne se voyait avancer, un
observateur extérieur aurait bien profité de ce curieux
ballet.
Il
était un septième jour,
reliance. Michel Briand, etc.
On rencontre un brestois "c'est
pas si grave si d'autres sites existent, il y a du sens à rester
local car c'est en local que vous pourrez rendre visibles les micro
solidarités du quotidien, celles qui importent aux gens qui vivent
là et qui ne sont rapportées nulle part. Et puis il faut vous
décider. Vous ouvrez les vanes du partage ou vous gardez le contrôle
de ce qui sera publié. C'est un choix important, qu'il vous faudra
assumer et animer".
Il
était un jour, infini.
Le
temps passe lentement. Cyrille c'était une apparition flash,
il y a déjà très longtemps mais en fait seulement deux semaines.
Ou peut être une ?
Toutes les journées se ressemblent et
on sait plus quand on est. On est bien jeudi, mais quelle semaine
déjà ? La semaine d'après ou celle qui la précède ? Oui mais par
rapport à quand ?
On a l'impression d'être dans un jour sans
fin, mais dit comme ça c'est déprimant pour ceux qui dépriment, et
pas vraiment réconfortant pour ceux qui le vivent bien.
Il
était un huitième jour, le live.
Les
visages sont devenus des voix.
Le moral prend l'ascenseur.
7ème ciel ou 36ème dessous, on sait pas trop sur quoi ça tombe,
sur qui ça tombe. Ni quand. Ca dépend des jours quoi.
Le
confinement des bonfiné s'invite dans le projet, on peut pas laisser
ses problèmes à la maison quand on participe depuis chez soi. On a
plus à se taper le bus pour rentrer à la maison et ça, ça
ne manque pas, mais le trajet du retour, quand tu quittes la
formation ou le boulot, celui qui te permet de couper entre un avant
et un après, entre la vie pro et l'intimité, disparu, de prendre
une respiration pour retrouver la famille ou sa bulle avant de
recommencer demain ? Comment reconstituer une bulle et se régénérer
? Comment se sentir réellement bonfiné... résultat ? Chacun
arrive avec tout ce qu'il a. On a pas le choix, chacun, chacune fait
comme il peut. Et si c'est pas assez, c'est déjà pas si mal, vu le
contexte, pas vrai ?
En tout cas aujourd'hui c'est le live
alors... on se rappelle qu'en chaque confiné se cache un Bonfiné,
on n'oublie pas de prendre du plaisir, on accueille les invités
comme à la maison, puisqu'on a pas d'autre choix que d'y être ! Et
puis ce sera pas le dernier, si raté il y a on saura quoi faire la
prochaine fois !
Et
il sera demain la vie.
Passer
de gens libres à confinés, devenir Bonfinés pour demain redevenir
déconfinés, il y a du sens dans tout ça, ou pas, la vie nous le
diras ?
Toute l'équipe dmn.
La version audio accessible sur Soundcloud : https://soundcloud.com/user-32912561/il-etait-une-fois-le-bonfinement-v-01

créée le 22.04.2020 à 13:38, mise à jour le 23.04.2020 à 12:04